Bon, après la vidéo d'hier je vais vous entretenir d'un point
important dans l'oeuvre d'Arman, le HASARD, il aurait pu devenir un grand
théoricien de cet élément qui régit nos vies,
en leurs apportant, souvent, un piment inconnu.
Les scientifiques appellent ça ALÉATOIRE.
Marion me racontait que lorsqu'elle était petite, Arman la lançait
en l'air avec un rythme bien établi, et alors qu'elle s'attendait à repartir
en l'air, une fois le rythme bien intégré, Arman ne la lançait
pas, ce qui générait un « HO » de surprise,
suivi d'un grand éclat de rire généré par la
rupture du rythme amenant une nouvelle sensation, l'important était
bien ce que l'on n'attendait pas et c'est ce qui générait,
chez le spectateur (Marion) et chez le montreur (Arman), un plaisir partagé.
C'est comme ça que le hasard prend place dans l'oeuvre d'Arman,
capable aussi bien de nous faire savoir l'ordonnance mathématique
de certaine composition (Endless Enigma), que la liberté
organisée par elle-même de l'aléatoire.
Le rythme voilà une des clés de l'oeuvre d'Arman, il composait
comme un musicien, avec l'obsession du vide et l'acharnement à trouver
la masse critique...
Les dirty paintings sont une approche de cette quête.
Les tubes de couleurs sont sélectionnés très attentivement,
leur nombre est calculé par rapport à la surface a remplir.
Les tubes ouverts sont jetés de manière aléatoire
sur le chassis, le couvrant en totalité, puis Arman monte dessus
et commence à les piétiner (reportez-vous à la
petite vidéo d'hier). Mais ne croyez pas qu'il piétine
au hasard, il détermine des rythmes de couleurs et de traces sur
le chassis, il a une grande attention à ce que chaque tube soit écrasé,
que la couleur qui en jaillit laisse soit une ligne bien nette, ou une
poche de couleur, que chaque tube soit placé pour que l'espace de
la toile soit rempli de manière homogène.
Les tubes, quelque fois les bouchons, les poches et les traces deviennent
la matière même de la peinture, l'objet renvoyant à l'objet,
Arman nous le montre comme un chamane, s'en sert pour exorciser, trouvant
là une issue à la problématique suscitée par
toute représentation.
DIRTY PAINTINGS
Well, after the video of yesterday I would like to explain an important
point in the work of Arman, CHANCE, he could have become a good theorist
of this element which governs our lives in bringing them often, an unknown
spice.
Scientists call it RANDOM.
Marion told me that when she was a child, Arman was throwing her up in
the air with a well established rhythm, and when she was expecting to go
up in the air again, as the rhythm had been well integrated, Arman did
not throw her up, which caused a surprised "oh", followed by
a great burst of laughter because of this rupture bringing a new feeling,
this feeling that mattered because it was unexpected and thus generated,
for the spectator (Marion) and the showman (Arman), a shared pleasure.
This is the way chance takes a seat in the work of Arman, able to
give us to know the mathematical ordinance of certain composition (Endless
Enigma), as well as the self-organized freedom of randomness.
The rhythm here is one of the keys in Arman's work, he composed like a
musician, with the obsession of emptiness and eagerness to reach
the critical mass...
The Dirty Paintings are an approach of this search.
The color tubes are selected very carefully, their number is calculated
with respect to the surface to befilled.
Open tubes are thrown in a random way on the frame, covering it entirely,
then Arman was coming up above to start trampling over them (as you
can see it in the short video of yesterday). But don't think he was trampling
randomly, he determined rhythms of colors and traces on the frame, he paid
a great attention to assure that each tube was crushed, that the spout
out color left either a straight clear line or a blob of color, that each
tube be placed so that the whole space of the frame was filled in a homogeneous
fashion.
There, the tubes, sometimes the caps, the blobs and the traces became
the matter of the painting itself, the object returned to the object, Arman
showed it to us like a shaman would use it as exorcism, finding a solution
to the problem arising from any kind of representation...