Il disait: "nous sommes tous des artistes, sinon,
il n'y aurait pas de public..."
C'est évident, quand on y pense...
En tout cas, c'est évident pour nous: la filiation porteuse de cet écho
de la voix d'Arman.
Echo qui continue de se perpétuer depuis le 22 Octobre 2005, où il
nous a quitté...
Désormais, cette voix nous porte à regarder du côté du
ciel pour chercher en nous les résonances...
Et converser avec vous. Cette voix qui nous a bercé est devenue celle
Lactée, puisque ce journal de bord est celui des enfants d'Arman.
C'est moi qui prend la parole parce que je suis la plus grande: je suis
Marion Moreau, la fille ainée d'Arman qui vous écrit pour vous dire
les
"Trésors Cachés" de ce qu'il nous a lègué.
Nous sommes dépositaires du patrimoine d'esprit de ce grand
artiste qui a marqué
son temps en changeant définitivement le regard que chacun peut
porter sur l'objet.
Il était un homme public: nous avons été habitués à le
partager tout au long, avec vous...
Ce terrible aprés midi du 22 Octobre a signé le repos de ce
colosse qui aimait tant la vie mais se battait contre ce que l'on nomme pudiquement
une longue maladie. Il a mérité de se reposer et c'est notre
tour de perpétuer la mémoire de cet artiste engagé qui
nous a élevé dans cet
état d'esprit:
"L'art est fait pour parler à tout le monde".
C'est ce que nous allons faire, parler à tout le monde pour le
garder vivant...
Nous, c'est la suite Arman et la lignée qui transporte les mémoires
de ce qu'il nous a appris depuis...toute notre vie, toute.
Nous allons commencer du début:
Ils se rencontrèrent en 195O
"Nous nous sommes élevés ensemble".
Arman, peintre et Eliane Radigue, musicienne.
C'est l'image et le son qui se rencontrent, il dira que c'est Eliane
qui l'a
"éduqué" dans la musique. Le premier cadeau musical
qu'il lui fait,
était d'une trés grande valeur: il n'y avait pas d'argent du
tout à la maison, c'est un disque. Des musiques de Bach.
Interprêté par une fanfare!...
Ils n'avaient pas 50 ans à eux deux que déjà 3
enfants étaient
là:
Marion,
Anne et Yves sont tous niçois. Et c'était bien, le
bord de mer: il allait pêcher du poisson la nuit pour nous nourrir
le jour et aussi vendre le reste aux restaurants côtiers.
Nous avons appris sans questions métaphysiques à nous servir
de ce qui est à portée de mains: les cadeaux de la vie.
C'est en 1968 qu'ils se séparent aprés une dure
période à se
disputer entre eux ce qu'ils appelaient le concept de "la
métaphore
ascendante et celle descendante": leurs mots sont à la mesure
du territoire qu'ils vibraient en commun: l'espace de création.
Cet espace là était notre quotidien, notre familier, le pain
qui manquait parfois du chaque jour et la mesure des feux d'artifices qu'ils
faisaient tout à fait littéralement du balcon sans prévenir
les voisins !
Arman rencontre Corice Canton en août 1968.
C'est
à cause de moi et de mon anniversaire: je voulais comme cadeau d'aller
danser pour mes 17 ans. Nous sommes tous allés à la Siesta.
Elle dansait sur un nénuphar.
Yasmine
et Philippe agrandissent la famille et je deviens fée: celle
marraine de Philippe pour veiller sur lui.
C'est en 1988 que Carole César croise la route d'Arman: il était
très aimant, très...
La lignée directe fait la boucle avec un petit dernier:
Yves que j'appelle le "petit Yves" même s'il
me dépasse maintenant puisqu'il
est né en 1989.
Mais c'est l'année de l'accident de route de Yves aussi... voilà il
faut rendre à chacun etc...
Surtout quand on sait qu'il s'appelle Yves César Arman; pour les
initiés,
c'est tout un destin...
La lignée qui grandissait aussi des deux bords s'était pas
mal perpétué en multiple du côté français
de la vague. Ca, c'est à cause de Anne qui me suit de tout prés:
aujourd'hui nos deux années de différence nous laissent la
position staturaire d'ainées. Tous les autres ont l'âge de nos
enfants! Mais c'est elle qui a perpétré la multiplication:
avec 4 enfants dont les deux premières continuent avec 3 enfants pour
l'une et 2 pour l'autre. Moi, j'ai choisi le trait décidé avec
une et Yves est parti sans qu'on sache ce qu'il aurait fait aprés
avoir mis au monde sa fille...
Je me trompe toujours dans les comptes mais cela fait 6 enfants, 6 petits
enfants et 5 arrières petits enfants. Vous voyez, il n'y a pas d'inquiétude à avoir
pour les mémoires à venir et ce n'est pas fini!!!
Je ne peux pas omettre de vous présenter une fée
marraine encore qui vient dans la famille d'élection,
c'est Micheline, l'amie de toujours d'Arman: ils se sont connu
quand ils étaient petits (moi je crois
bien qu'il était amoureux d'elle, avant le début... Il
faut dire qu'il a toujours aimé la beauté, on le sait...)
Arman vivait sur les deux continents et partageait sa
vie des deux côtés
de la vague; il avait toujours dit qu'il voulait être enterré là où il
décèderait, "sans fleurs, ni couronnes"...
C'était clair. On ne pouvait pas tous prendre l'avion ou bien,
il fallait trouver un sponsor et on avait pas le temps ni le courage
qu'il faut.
Surtout qu'il fallait en affréter plusieurs: il y avait Vous... qui
ne pouviez pas tous non plus.
Alors on a décidé: on ferait le même jour, à la
même heure et on chercherait le comment faire pour réussir aussi
en France à se retrouver avec lui à
New York.
L'hôtel
Lutétia, c'était sa maison parisienne, a bien
voulu nous accueillir tous pour faire la voûte du recueillement.
Avec...coeur. Beaucoup.
On a mis son portrait peint par Andy Warhol pour faire corps, surtout
pas de fleurs... Marc nous a fait la bande sonore avec les musiques préférés
d'Arman quand il travaillait dans son atelier.
Marc, vous le connaissez. En plus d'être l'homme de ma vie, il était
le bras droit d'Arman, c'est lui qui s'occupe de son oeuvre en Europe. Et
c'est lui encore qui nous offre chaque jour une brassée d'Arman
sur ce blog...
On a mis trois écrans pour le regarder vivre.. Merci Dominik Rimbault
d'avoir rusher la nuit à nous monter le film et le voir nous parler...
Merci, Monsieur le Ministre Donnadieu de Vabres d'avoir été parmi
nous et aussi d'avoir choisi le silence pour partager l'intimité
du rituel que nous cherchions ensemble pour la route du chagrin...
Des
mercis, il faudrait en faire une accumulation, tant et tant nous ont
aidés jusqu'à ceux que l'on voit à peine et
qui s'activent pour que tout se passe bien...
Et vous, solides... qui étiez là pour faire ce moment où Arman
est devenu de la poussière d'étoiles...
Nous l'avons inventé ensemble ce rituel puisqu'il ne voulait pas de
protocole. Mais aussi, INVENTER, c'est comme ça qu'il nous a élevé.
Le SHOOTING COLOR, c'est Arman qui l'a créé. Il faut mettre le tube de peinture par terre; l'action consiste à prendre son élan pour lever la jambe et mettre le poids de tout son corps pour sortir la peinture avec la pression du pied, l'objet est peint par la retombée de l'archée de la peinture.
He used to say "We are all artists, otherwise there
would be no public"
It sounds obvious when you think. At least it's clear for us: the lineage
carrying this echo from Arman's voice. An echo which continues to propagate
since the 22nd of October when he left us.
From now this voice leads us to look towards the sky to listen to the echoing
inside... and converse with you. This voice which cradled us has lead us
to create this diary by Arman's children.
I am the one to talk because I am the oldest, Marion Moreau, Arman's first
child, who's writing now to tell you the "Hidden treasures" of
his legacy. We are the repository of the spiritual inheritance of
this great artist who marked his time and ours by definitely changing the
viewpoint each of us has of an object.
He was a public man, we have been habituated to share him all along with
you.
This terrible afternoon of October 22 signed the silence of this immense
man who so loved life, and fought hard against his malignant disease. He
deserved to rest and it is now our turn to perpetuate his memory: that of
an artist activist who brought us up in the spirit that art is for talking
to everyone. This is what we are going to do: talk to everybody and thus
keep him alive.
We are the next generation and the lineage transporting the memories he taught
us for... all of our lives, all...
Let's start from the beginning.
They met in the early fifties. They grew each other up. Arman painter and
Eliane Radigue musician, where images meets sounds.
He would always say that it was her who gave him his musical education. The
first present he gave her was a disk, Bach played by a brass band! A major
investment considering they had no money at the time.
Their combined age was less than fifty and there we were already,
three children:
Marion, Anne and Yves all born in Nice. And it was nice to be by the seaside:
he would go and fish at night to feed us in the day and sell the rest of
his fish to local restaurants.
We have learnt without any metaphysical complex to help ourselves to the
freely accessible, gifts of nature.
They split in 1968 after a hard period of time disputing between the two
what they called the concept of the "ascending versus descending metaphor".
Their words were like the territories they vibrated together: a creation
space.
This space was our daily familiar feeding, the bread sometimes missing in
the everyday and the measure of the fireworks they were literally truly having
on our balcony without warning the neighbours !
Arman meets Corice Canton in August 1968.
This is because of me and my birthday: I wanted to go dancing as a present
for my 17th birthday. My father took us all to the Siesta. She was dancing
on a lily.
The family got bigger with Yasmine and Philippe and
I become a fairy: the godmother of Philippe to look after him.
In 1988 Carole Cesar comes across Arman's life: he was very loving, very...
The first generation of the lineage ends up with a little last one:
Yves whom I call "le petit Yves", even though he's now
taller than me since he was born in 1989.
But this is also the year that our first brother Yves had his road accident...
Here one has to give back to everyone etc...
When you know that his name is Yves Cesar Arman, for those in the
know it is some destiny...
The lineage which was growing on both side, had effectively multiplied
on the French side of the wave. This is primarily through Anne who follows
me closely in the lineage: today our two years age difference leave
us as the eldest. All the others have the same age as our children ! Anne
perpetrated the multiplication with 4 children of which the eldest have
continued with 3 children for one and 2 for the other. Me, I chose the
decisive line with one child and Yves left us before we could know what
he would have done after having given life to his daughter?
I always get the counts wrong but this makes 6 children, 6 grand children
and 5 great grand children. As you can see, there is not much to worry about
for future memories and it is not finished yet !!!
I cannot forget to present you a fairy god mother who is part of
the elected family: Micheline, Arman's friend of all times: they
met as they were young children (I believe he was in love with her,
very early, before the beginning... One has to remember he always
loved beauty, we know it...)
Arman lived on two continents spending his life on both side of the wave,
he had always said he wanted to be buried where he would die, "without
flowers nor wreath"...
Clearly, we could not all take the plane or we had to find a sponsor without
the time nor the energy that this needed.
In addition we would have needed several planes: there was also You? who
could not all join there either.
So we decided: we would gather together on the same day at the same time
and strive to succeed being all with him also in New York.
The
Lutecia Hotel, his home in Paris, kindly welcomed us with open
doors and warmth to make a vault in contemplation. With heart... a lot.
We placed his portrait by Andy Warhol for his presence, and for sure no flowers...
Marc prepared the sound track with Arman's favourite musical excerpts as
he worked in his studio. Marc, you know him. In addition to be the man in
my life, he was also Arman right hand man, taking care of Arman work in Europe.
And it's him again who offers us each day a handful of Arman on this blog...
We placed three screens to have him live... Thanks to Dominik Rimbault
to have worked the night through to edit the rushes and have him talk to
us...
Thanks also to the Minister of Culture and Art, Mister Donnadieu de Vabres
for his presence and support and also for his understanding and respect of
our intimacy in this time of grief...
Thanks and Acknowledgments, it would need an accumulation of them, so many
have helped and supported us actively to make every thing happen rightly...
And you all, stalwarts... who were there to attend this moment when Arman
joined the star dust...
We invented a ritual together since he did not want any formal protocol. But
INVENTING is how he brought us up.
We placed small notebooks with colour pencils so that everyone could
express him their feelings and the grand children were around to encourage
and dare the first lines. Two of these books even disappeared? It's a
shame and eventually it would be nice if they could find their way back
to us.
What happens next is the result of all the world that has encouraged
us so strongly and help us join together.
So let's keep on!
The Arman suite is assured on every Saturday to continue the story through
the A.R.M.A.N. gazette.
Commentaires Anne I think what your doing is really great. And you know sometimes it's kind of hard to realize that Arman isn't here. I can remember back in September when I would speak with his Secretary, just trying to get him on the phone. And when I did get to speak to him, it would always ...how can I say this..." Shiawase na".. I dont want to translate.. but I know arman would understand... But what I am getting at is that I am glad we and myself are not being ignored for who we are, and we all belong together as a family. Madison La force d'Arman respirait ce jour là par tous les pores de vos peaux: déchirures silencieuses rimaient avec dire tout haut ce qu'il faut dire, avec les mots, avec le son et la musique, avec l'image, avec le mouvement, avec le coeur serré et immensement grand, avec l'espace du silence qui se faufilait entre chaque respiration pour rester en lien. C'etait un moment plein, juste; merci de me l'avoir fait partager avec vous, famille qui m'est si chère. Mimi Vive la fratrie et la suite...De tout coeur avec vous et c'était dejà même avant j'y suis un peu pour quelque chose... Eliane Ca c'est fait!!! Pour que la mémoire perdure toujours, et pas que la notre, Pour que cet homme important ne soit pas oublié mais découvert ou redécouvert... Merci de permettre de laisser La Trace La 1ère petite-enfant qui laisse un commentaire... Maéva |